Tiens, pour changer, dimanche prochain, on va devoir retourner voter.
Nous sommes mardi, alors disons qu'avec un film par jour jusqu'à dimanche, on peut faire quelques excursions cinématographiques pour se demander, 1, si c'était mieux avant ; 2, si c'est mieux ailleurs ; 3, si le cinéma est plus ou moins vrai que nature.
Commençons par 1, c'est plus logique, avec Le Président. Évidemment, c'est du lourd. Gabin, Blier, et j'en passe. Avec en prime des dialogues de Michel Audiard, dont cette fameuse saillie : "Il existe des patrons de gauche, je tiens à vous l'apprendre ! Il existe aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre". Dont acte. C'était mieux avant ou pas ?
Pour l'ailleurs (2, donc, pour ceux qui essaient de suivre), partons à Boston avec l'un des plus grands documentaristes actuels, Frederick Wiseman, 92 ans au compteur (qui a aussi réalisé un film sur la bibliothèque de New-York, ça, c'est juste en passant pour l'esprit de corps, on est bibliothécaire ou on ne l'est pas). Alors, avec Wiseman, on est en immersion totale, on comprend tout, c'est fascinant. Le seul truc, c'est qu'il faut toujours avoir 4h devant soi, il ne fait pas dans le court-métrage. Ceci-dit, que faire d'autre en attendant le jour du vote ?
Si j'ai bien compté, on en est au numéro 3. Réaliste ou pas, le cinéma ? À vous de juger avec un Luchini en Maire un peu fatigué qui retrouve la pêche (enfin, faut voir) grâce une conseillère originale et une description de l'exercice de l'état pour le moins glaçante. On y trouve un Michel Blanc fidèle au delà du raisonnable. Et un crocodile. Oui. Le réalisateur aime bien les symboles.
Histoire de boucler la boucle en partant du 3 (réaliste ?) pour revenir au 1 (avant) (ah, mais il est pensé cet article), un bon vieux polar avec des gros morceaux de Ventura et de Dewaere : les flics intègres sur fond de magouilles politicardes et une réplique finale qui vient s'écraser à Montpellier (vous comprendrez en regardant, du Ventura pur jus, on ne s'en lasse pas).
Donc, pour conclure, puisqu’il faut conclure, la politique, ce n'est pas que du cinéma... mais c'en est aussi. Et comme cette conclusion est tout de même un peu fadasse, je vous conseille de relever la sauce en lisant la biographie de Mitterrand par Michel Winock.
Vous aurez l'avant, l'ailleurs et le cinéma. Il a vraiment réinventé le genre, ce Mitterrand. Scénario original.